Vaquier

histoire

L'Estréchure : Un village cévenol

(Une monographie laissée par M. Raymond VAQUIER ancien officier de gendarmerie et  secrétaire de mairie pendant 30ans)

M. et Mme Vaquier rentrant de promenade (collection Jean SICARD)

M. Raymond VAQUIER a été durant de nombreuses années secrétaire de mairie à l’Estréchure, et ayant eu accés aux archives de la commune et même ayant vaicu les épisodes successifs de la vie du village, il avait souhaité évoquer les diverses étapes qui ont marqué la vie de l’Estréchure jusqu’en 1980.

 

Les faits qu’il relate dans les quelques feuillets qu’il nous a laissés sont en grande partie issus du registre des délibérations municipales depuis 1820, se sont donc environ 160 années de la vie de l’Estréchure qui nous sont ici racontées.

 

Il précise dans cette monographie qu’ il n’existe pas en mairie de documents antérieurs, si ce n’est l’Etat-Civil depuis 1790, et termine sa présentation ainsi :

 

 » Il semble que mes compatriotes estréchurois présents et futurs pourront être intéressés par ces renseignements qui rafraîchiront la mémoire de ceux qui savent et que les nouvelles générations ignorent. « 

 

                                                                                    L’Estréchure le I° septembre 1980

Raymond VAQUIER, Secrétaire de mairie.

Le propriétaire actuel nous a signalé durant notre visite des lieux la présence d’une tombe située devant le porche de style roman en plein cintre de l’édifice; il s’agit de la tombe d’Elisabeth Soulié, veuve du seigneur de Saint Martin, le seigneur Pierre d’Aubanel, selon les écrits laissés par le prêtre Marseille.

LA COMMUNE

Dans la haute Vallée du  Gardon, qu’on appelle la  » VALLEE BORGNE  » parce qu’avant l’ouverture du Tunnel du Marqueyrès , elle ne s’ouvrait qu’au sud vers la côte méditerranéenne, se trouve l’Estréchure.
Le Chef lieu s’appelle ainsi depuis 1874. Antérieurement c’était Saint Martin de Corconac et pendant la révolution « Corconac » tout court.
Les limites de la commune sont : au Nord : Saumane, à l’Est Moissac -(Lozère) au Nord Ouest les Plantiers, à l’ouest Soudorgues, au sud : Peyroles.
Le Gardon y court en torrent. Presque à sec l’été, il a des crues subites qui disparaissent lorsque les pluies cessent. Certaines ont été abondantes et destructrices : 1826, 1845, 1890,1907, 1930, 1958.
Par suite de l’obstruction du pont d’Ausset en 1890 et de celui de Boutonnet à Saumane en 1858, l’eau a parcouru le village, le pont de Gras n’a conservé que sa carcasse.
Les pluies viennent du sud ouest et particulièrement de la direction de l’Espagne. Elles sont souvent violentes au printemps et en automne.
Les nuages poussés par le vent du Sud sont arrêtes par la ligne de partage des eaux (la barre des Cévennes).
Dans la traversée de la commune, des ruisseaux gonflent le Gardon.
Citons sur la rive droite, ceux de Rieu obscur, Millérines, Vallongue: ces deux derniers drainant les eaux du Liron. Sur la rive gauche coulent :les ruisseaux de Ménouzille, de Saboulières, du Hort de Dieu, du Gramentès, peu importants et celui de la Valmy qui descend des collines du même nom, de Bec de Jeu, du manit Serre, roule des eaux importantes par périodes de forte pluie.

Les montagnes environnantes, sauf le Liron, appelé « FAGEAS » par les autochtones et qui culmine à 1078 mètres, sont à une altitude peu élevée : 500 à 700 mètres. Le village est à 300 mètres.

Au point de vue administratif, la commune dépend du canton de Saint André de Valborgne et de l’arrondissement du Vigan, alors que géographiquement elle devrait être rattachée à celui d’Alès. A l’origine, alors qu’il n’y avait pas de voies de communications, qu’on circulait à pied, il était plus facile d’aller au Vigan qu’à Alès.

 

NDW : Les spécialistes en étymologie ont une autre approche pour le mot « borgne » :
Selon eux, le mot « Bornha » en occitan désigne une cavité ou un exutoire d’ou s’échappe par exemple l’eau d’un moulin ou d’un réservoir.
Il peut s’agir aussi d’une source s’écoulant d’une cavité naturelle ou construite.
Enfin, certains cours d’eau de la vallée portent ce même nom de « borgne » (commune des Plantiers) ce qui conforte le rapport du mot avec l’eau .

L'ETAT-CIVIL

Il existe depuis 1791. Existent aussi l’état civil catholique de 1710 à 1791, les registres dressés au Désert par les Pasteurs MARTIN de 1750 à 1758, MEJANELLE de 1751 à 1788, TEISSIER de 1788 à 1793. Les actes qui y sont inscrits intéressent l’Estréchure et ses environs

LA POPULATION – LA REFORME

Selon la monographie GOIFFON (1900) archives départementales, au moment de la réforme, la population est passée entièrement au Calvinisme. En 1911, il n’y a plus de catholiques. Le curé VIDAL est inconnu des habitants. Le curé de Saumane fait parfois le service divin à Saint Martin de Corconac. La paroisse compte 60 feux, tous protestants. L’église de Saint Martin est utilisée par les réformés pour leurs prêches ou leurs assemblées. Elle est bien conservée. En 1616, les réformés n’y célèbrent plus leurs cultes sous peine d’être déclarés rebelles aux lois. En 1622, malgré les Edits Royaux, leurs Ministres y font leurs prêches.
De 1649 à 1659, le curé TRIAL avec l’approbation tacite de l’Evêque n’habite pas le presbytère de Saint Martin. En 1675, l’église est toujours en bon état et assez jolie. Le presbytère est bien bâti pour le pays. On y fait deux messes par semaine. Il n’y a qu’un seul catholique. La population est entièrement huguenote.
En novembre 1702 alors que Pierre VIDAL est curé, les camisards de Salomon COUDERC incendient l’église et le presbytère. De semblables bâtiments sont brûlés à Peyroles le même jour.
En 1791, la cure de Saumane est supprimée et réunie à celle de Saint Martin; cela durera jusqu’en 1840. A cette époque, l’église est dans un état déplorable. La succursale est transférée à Saumane ou elle existe encore.
Dans cette commune on vient d’acheter à son propriétaire le presbytère catholique, vendu au moment de la révolution comme « bien national ». Le curé y est logé : il dessert les catholiques de Saumane, l’Estréchure et Peyroles.

GEOGRAPHIE POLITIQUE

Communes limitrophes de l'Estréchure

La loi de 1791 divisant la France en départements, cantons et communes, n’a pas fixé de limites de Saumane et Saint Martin de Corconac. Elles chevauchent l’une sur l’autre. l’agglomération de l’Estréchure, le Mas du Camp, le Poujol du serre, la Borie de Massavaques, l’Arbousset sont dans la commune de Saumane tandis que celle de Saint Martin s’étend sur une partie de la Bécedelle (maison Fournier Borgne) la Pradine, la Baraque, le Sollier, le Doudou, Peyreredonne (référence : Etat-Civil des deux communes et compois de Saumane 1663).
Depuis longtemps on désire que les limites soient revues pour éviter des enclaves. Il en est parlé dans une délibération de 1807 ou il a été proposé de donner aux deux communes leurs limites actuelles. Rien n’a encore été fait en 1834. On parle à ce moment de faire le cadastre. Il faut fixer les limites des deux collectivités ou les réunir.
Le Sous-Préfet est d’avis qu’il y ait fusion. Le Conseil Municipal de St Martin émet le même avis et propose que la commune s’appelle St Martin de Saumane. Mais à Saumane on n’est pas d’accord. Les relations entre les deux communes et leurs populations sont tendues. A Saumane le Conseil Municipal est divisé. Certains veulent la fusion, la majorité la repousse.
Finalement la limite des communes est fixée aux ruisseaux de Rieu Obscur et de Ménouzille.
Saint Martin augmente ainsi son patrimoine des quartiers du Mas du Camp, du Poujol du Serre et de ce qui deviendra plus tard l’Estréchure, ce qui compense très largement la perte de quelques fermes passées à Saumane.
Il faut arriver en 1907 pour que se posent à nouveau les limites de Saumane et l’Estréchure. Les habitants de l’Ardailler, du château de l’Hom, de Rieu Obscur demandent à être rattachés à l’Estréchure : ils en sont plus prés et y font leurs achats, leurs opérations au bureau de poste.ils demandent la fixation des limites à la Serrade du Travers du château et au ruisseau de Valsaliens.
Le Conseil Municipal de l’Estréchure est d’accord, cela va de soi. Le Sous-Préfet demande l’avis du Conseil Municipal de Saumane qui est défavorable. Cette nouvelle amputation de la commune de Saumane au profit de celle de l’Estréchure n’a pas lieu. Les choses en sont là.
Une autre modification de l’assiette de la commune se posera à plus ou moins brève échéance : celle de la réunion à l’Estréchure de la totalité du territoire formant le bassin du ruisseau de vallongue, qui se trouve dans l’orbite de l’Estréchure.

 

LE VILLAGE

Le village vu du clocher de l'horloge.

Il n’existe pas au début du 19° siècle. En 1844, au moment de la confection du cadastre, il n’existe que les immeubles situés sur le côté gauche de la route (direction St André-St Jean), de la hauteur de la place GIROT au chemin du Mas du Camp. Tout le reste de l’emplacement actuel de l’agglomération est en terres ou en jardins.
Un barrage sur le Gardon construit vers 1600, pour l’alimentation du moulin du Passet, dont la carcasse existe encore, contient les graviers, forme un plan d’eau jusqu’à la passerelle de Boisseroles et une baignade très appréciée un peu en amont.
La Traversée du village : Elle est améliorée. En 1904, les cassis à hauteur de la boulangerie et de la poste sont supprimés. Ils drainent à ciel ouvert des eaux nauséabondes, ce qui est dangereux pour la santé publique. Avec l’accord des Ponts et Chaussées des ponceaux sont construits ; ils facilitent l’écoulement des eaux et nivellent la chaussée.

La circulation automobile devient de plus en plus dense et soulève des nuages de poussière. Le goudronnage de la rue principale est demandé et effectué en 1929.
L’aménagement de la chaussée dans le haut du village est nécessaire. Il est demandé pour la première fois en 1930 et n’est réalisé qu’en 1977. Il a nécessité la démolition d’une maison pour l’élargissement de la chaussée, mais a laissé apparaître des ruines dont il faudra bien un jour ou l’autre étudier la démolition ou la consolidation.
Places publiques :
La place GIROT, au cantre du village, a été donnée à la commune par Ulysse GIROT au début du siècle, de là son nom. La place de la mairie est le délaissé du terrain ou les écoles ont été construites, plus un bout de terrain acheté à un particulier.
Toutes deux sont goudronnées en 1960.
Le stationnement des automobiles a été réglementé dans le village en 1965.
Les voitures stationnent en principe sur la place et sur le terrain situé derrière la poste, au fond duquel se trouve le lavoir et les WC publics installés en 1965 pour utiliser les eaux qui ultérieurement alimentaient le village.

 

L’ECLAIRAGE PUBLIC

Lampadaire à acétylène

Il date de 1910. A l’origine, la rue principale était éclairée à l’Acétylène.
En 1929 l’électricité est installée. Avec le temps, on trouve que les quatre lampes de l’agglomération sont insuffisantes. En 1967, l’éclairage est modernisé : neuf tubes au néon dans le village. Lampes dans les points sensibles : Mas du Camp, Gandolette. Traverses du Vignal, des Rochers et en 1976 pose d’une lampe au quartier Amalric.

L’HORLOGE PUBLIQUE

Le clocheton de l'horloge.

Elle est installée en 1922, dans l’immeuble « Le Castel Riquet » appartenant à un Monsieur MAURIN, Ingénieur des Ponts et Chaussées à St Jean du Gard qui le cède à la commune pour quatre cents francs. Le maire traite de gré à gré avec Monsieur NOGIER horloger à Bagnols sur Cèze agissant pour le compte d’une maison de Morez (Jura). L’horloge a coûté à l’époque 4227 francs.

LE MONUMENT AUX MORTS

Monument aux morts

Une souscription publique est ouverte en 1920, pour l’érection d’un monument aux morts de la guerre 1914/1918. Elle produit deux mille francs. Le 17 juillet 1920, le Conseil Municipal décide d’élever ce monument à coté de la route et du Temple. Le maire, Edmond PASCAL est autorisé par l’assemblée communale à traiter de gré à gré avec Monsieur Mérignargues, sculpteur à Nîmes pour la fourniture et la pose. Le coût de la dépense est de trois mille cinq cents francs. Au produit de la souscription publique, le Conseil Municipal ajoute, pour régler la dépense, 1500 francs pris sur le budget communal.

LE CADASTRE

Plan cadastral de l'Estréchure

Il a été dressé de 1842 à 1844.
Il remplace le compois établi en 1640 et qui avait un but fiscal. Le compois était une énumération plus ou moins détaillée des parcelles de chaque propriétaire. Il n’était appuyé d’aucune carte ou croquis, ce qui ne permettait pas à chacun de connaître exactement les limites de ses propriétés en cas de litige. Le cadastre donne l’énumération de chacune des parcelles appartenant au même propriétaire qui peuvent être retrouvées facilement avec leurs limites exactes sur un atlas. Ces documents sont déposés dans chaque mairie. L’original se trouve au chef lieu du département dans les services fiscaux. Ils sont mis à jour chaque année.
Comme le compois, le cadastre a, au premier chef, un but fiscal. Les évaluations qui y sont faites permettent la répartition des impôts locaux.
Lors de sa mise en service, en 1845, les contribuables ont eu l’impression que les évaluations étaient mal faites. Le 8 novembre 1845, le Conseil Municipal s’émeut, il proteste par délibération auprès de l’autorité supérieure. Il indique que les mûriers sont difficiles à travailler, que les terrains ou ils sont plantés sont difficiles à entretenir, que si la récolte des cocons paie, elle est aléatoire : gelée blanche et grêle qui détruisent la feuille de mûrier, non réussite, que les châtaigniers plantés sur des pentes rapides dépérissent tous les jours. Les évaluations faites pas des gens venus d’Uzès et de Nîmes, donc de la plaine, ont été des erreurs, que généralement le cadastre a été mal fait. Protestation sans suite.
Ce cadastre durera jusqu’en 1870, époque à laquelle il a été rénové. C’est une mesure devenue nécessaire : de nombreuses mutations ont eu lieu, l’atlas feuilleté pendant 130 ans est en piteux état. Il est refait et mis à jour. Les matrices sont également refaites. On y voit clair.

LES MUNICIPALITES

La mairie-école.

Au début du 19° siècle les conseillers municipaux sont nommés par les électeurs les plus imposés. Le suffrage universel est établi en 1848.Tous les électeurs votent (électeurs masculins seulement) les femmes ne voteront qu’à partir de 1945.
De 1825 à 1870 le maire et l’adjoint sont nommés par le Préfet, sauf sous la 2° République (1848 – 1851).
En 1825, Méjanelle de Perjurade est maire. Il décède en 1826.Il est remplacé par le notaire Jean Louis GRAS, lequel meurt en 1851. Son fils Edouard GRAS lui succède. Il administre la commune jusqu’en 1870. Lui font suite : Ulysse CAMPREDON, Maurel DAVID, Marius PASCAL, gendre d’Edouard GRAS, devient maire en 1880 et le reste jusqu’en 1904.
Ulysse GIROT prend le relais et est remplacé en 1914 par Edmond PASCAL, petit fils d’Edouard GRAS et fils de Marius PASCAL.
Edmond PASCAL assume ses fonctions jusqu’en 1936, puis démissionne à la suite de dissentiments municipaux. Pendant la guerre 1914-1918, les fonctions de maire sont exercées par Jules FOURNIER, en remplacement du maire et de l’adjoint mobilisés. L’adjoint tombera au champ d’honneur.
En ce qui concerne Edmond PASCAL, il s’agit d’un magistrat de l’ordre judiciaire, conseiller général, Président de la commission départementale du Conseil général pendant une longue période, il oeuvre pour le développement de l’Estréchure, intervient fréquemment, avec succès, pour l’aboutissement des desiderata des habitants de la commune et du canton •
MAURIN Louis le remplace jusqu’en I95I, avec une éclipse de 1939 a 1944 ou AURES Léon exerce les fonctions de premier magistrat. La libération arrive. Le 10 septembre 1944 ,AURES s’est démis de ses fonctions. Un comité local de libération se réunit : il est composé de AIGOIN André, DELEUZE Eugène, GREFEUILLE Camille, Viala Marcel, il désigne comme président DELEUZE Eugène. Il vote un vœu de confiance au Général de Gaule et formule le vœu que M. BOMBARD, de Lasalle soit nommé Sous-Préfet.

Le 17 septembre 1944, en exécutions d’instructions préfectorales une délégation spéciale est constituée. En font partie: MAURIN Louis, GREFFEUIILE Georges VIALA Marcel, GREFEUILLE Camille .ANDRE Maxime, AIGOIN André, DELEUZE Eugène.
Ce dernier assure la Présidence de la Délégation.
Le 10 mai I946,la délégation se réunit sous la Présidence de Maurin Louis. DELEUZE n’est plus là. MAURIN Louis est de nouveau maire et le restera jusqu’à sa mort en novembre 1951. Après son décès, JULIEN Arthur est élu maire.
Il exerce ses fonctions jusqu’en 1953. Son passage a la tête de la municipalité est sans éclat.
Il est remplacé par H. PERRIER Industriel à Alès et propriétaire à l’Estréchure.
On lui doit la construction de la Poste, l’adduction d’eau, la construction de l’égout, des lavoirs. Battu aux élections de 1965, il est remplace par Maxime ANDRE, géomètre principal du cadastre en retraite à l’Estréchure, dont il est originaire. Il décède le 30 Juin 1979 et est remplacé par Gustave MANOEL , retraité de l’ EDF, élu le II août 1979.

Il semble utile d’indiquer ici qu’avant 1970 maires et adjoints prêtent serment au roi ou a l’empereur.
A Charles X : Je jure et promets à Dieu de garder assistance et fidélité au Roi.
A Louis Philippe: Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume.
A Napoléon III : Je jure fidélité à la constitution et obéissance au Président.
Quand Napoléon III a un fils en I856,le Conseil Municipal, à l’unanimité lui vote l’adresse suivante :

Sire, après avoir sauvé la France, il vous manquait un héritier pour en assurer le bonheur, et la Providence qui vous protège et semble épuiser sur vous tous ses dons, vous a donné un fils. C’est avec joie, Sire que le Conseil Municipal en a appris la nouvelle. Il s’empresse d’apporter au pied du TRONE de votre majesté ses respectueuses félicitations et les vœux qu’il forme pour la prospérité de ce Prince que le ciel vient de lui donner.

LES ROUTES

L'Estréchure en travaux.

A l’origine, il n’y a pas de routes.  La circulation se fait à pied par des sentiers reliant les maisons ou hameaux. Puis est créée la route n° 9 qui relie Montpellier à Mende par Lasalle et la côte de Capou à Saumane. Son parcours initial correspond approximativement à celui qui existe actuellement  et qui est devenu, en ce qui nous concerne les D39 et D907.
Sur cette route se greffe à hauteur de St Martin de Corconac la route départementale RN20 qui relie l’Estréchure à St Jean du Gard par la Lane, Bussas, le Pont de l’Arénas ,  Peyroles. Cette route en partie détruite par les inondations de I826, n’est plus utilisée à  partir de cette époque et toutes les demandes faites pour la rendre utilisable sont vaines.
Les autorités recommandent d’aller à St Jean du Gard, par St Roman de Tousque (côte de Capou et route royale aujourd’hui la Corniche).  En raison de la distance, personne n’utilise ce parcours. Toute la circulation, toutes les affaires se font sur Lasalle ou le commerce est florissant.
La circulation sur St Jean du Gard – Anduze – Ales étant impossible la création d’une nouvelle artère est décidée sur la rive gauche du Gardon. Elle se greffe sur la route royale en amont de St Jean du Gard pour se réunir en aval de l’ Estréchure  (au Pont de Gras) à la départementale D 9  (aujourd’hui D 39) .
Les travaux sont longs. Il faut percer le Tunnel.  Par suite de mauvais calculs, les équipes qui attaquent le rocher des deux cotés de la montagne n’arrivent pas au même niveau.  ( Les inondations de 1958 qui ont raviné le Tunnel ont révélé qu’à mi-parcours le rocher formait un escalier de trois mètres de hauteur).
A partir du Tunnel, il faut miner sur tout le parcours, élever des murs de soutènement, remblayer, combler, niveler la plate-forme de la Chaussée. Les travaux seront terminés en 1870.
C’est au cours de ces travaux que les ouvriers découvrent une source qui filtre de la montagne entre le Cabanis et Soucy, dans un lieu exposé en plein soleil ou la roche est dure, les travaux  très pénibles, à laquelle on donne le nom de fontaine de « CAYENNE »  Le travail en ce lieu étant jugé aussi dur que celui exécuté par les forçats au Centre Pénitentiaire de Cayenne.

Cette nouvelle route prend le nom de Nationale I07, et la portion de la départementale qui y fait suite à partir du Pont de Gras prend aussi le nom de I07.
Dans cette dernière portion des modifications s’avèrent indispensables. Des délibérations municipales de I879 et I880 les demandent. II s’agit notamment de la construction de parapets en aval de l’ Estréchure (un homme s’est noyé a l’Ecluse du Passet) l’élargissement de la chaussée en amont et jusqu’au Pont d’Ausset , la reconstruction de ce pont situé à un niveau tel qu’il est submergé en période de crue, la modification de la côte du Pont d’Ausset à la Bouffadouïre, jugée trop dure et nécessitant l’emploi de chevaux de renfort.
Parallèlement à l’ouverture de la route entre St Jean du Gard et l’Estréchure, une nouvelle voie de circulation entre St André de Valborgne et Florac est décidée, cela nécessite le percement du Tunnel du MARQUEYRES sur la ligne de partage des eaux. Les travaux sont terminés en 1884. La relation devient directe avec Florac, la nationale n° 107 continue.
Conséquence : On ne passe plus par la côte de Capou et St Roman de Tousque pour aller dans la Sous-Préfecture de la Basse Lozère.
De cette époque date Ie déclin de St Roman qui est un village florissant avec des hôtels réputés sur la nationale reliant Florac a St Jean du Gard, par le Pompidou.
Cette dernière route qui ne reçoit plus aucun entretien, est laissée à l’abandon. Elle n’est remise en état qu’après la deuxième guerre mondiale, vers 1950. On en fait une chaussée large et moderne, bien entretenue tant en Lozère que dans Ie Gard. II s’agit d’une voie touristique qu’on appelle « La CORNICHE des Cévennes ».
Pendant toute la deuxième moitié du 19°  siècle, il est question d’ouvrir une route reliant les Plantiers à l’Estrechure et Saumane au Vigan.
Les Plantiers obtiennent d’abord satisfaction. C’est la route qui passe à la Hierle et dénommée D 20. Longtemps l’Estréchure et Saumane par de nombreuses délibérations demandent que la voie à créer parte du chef lieu de leur commune, en passant pour Saumane, par la Becedelle, pour l’Estrechure, par Millerines.
C’est l’Estréchure qui gagne.  La D 152 reliant l’Estréchure au Vigan par Millierines et le Col de l’Asclier est ouverte au début du 20° siècle. Elle rejoint la D 20,un peu avant Ie Col de l’Asclier.
La loi de I836, les appelaient les chemins vicinaux , celle de I958,leur donne le nom de chemins communaux; leur caractéristiques actuelles: être accessibles aux véhicules automobiles au moins à ceux de tourisme à l’exception des poids lourds ou de ceux à grande dimension.
Chemin de Rieumal
Il a été créé en 1873. La commune l’a construit avec la participation des habitants desservis.
Le Pont sur le ruisseau au niveau de la Borie de Faventines qui menaçait de s’écrouler a été reconstruit en 1966 par la commune. La chaussée est recouverte d’enrobé en 1977. Le classement dans la voirie départementale demandé en 1955 est refusé.

Créé en 1934 par un syndicat de propriétaires avec subvention communale est cédé à la commune en 1958. Le tablier du pont de Bussas est emporté par la crue de 1958.

Une subvention d’un montant de neuf cent cinquante mille francs pour sa reconstruction est allouée à la commune. L’entreprise AMALRIC effectue la reconstruction selon traite de gré à gré.
Ce chemin, privé à l’origine, appartient aux habitants qu’il dessert. Son entretien bien que réduit au strict minimum coûte cher. Les usagers décident de le céder a la commune. Par deux délibérations successives des 3 août et 8 octobre 1968, ce chemin est classé communal. Sa remise en état (reconstruction de murs importants et goudronnage) grèvent sérieusement le budget communal.
Chemin de Vallongue
Cree par une association de propriétaires en 1937.
La commune participe à sa construction pour la somme de trois mille francs, à condition que la commune de Soudorgues intéressée, participe pour deux mille francs, afin que la route soit ouverte jusqu’au Roucou, dans cette commune.

En 1960,ce chemin passe dans la voirie départementale pour devenir le 39 b.

Chemin de Boisseroles

Jusqu’en 1940, on n’accède à Boisseroles que par une passerelle en bois, emportée à la moindre crue, disposée au bas de la Gandolette et par sentier.

Les Habitants du ruisseau de Rieu Obscur, commune de Saumane sont dans la même situation.

Sous l’égide du génie rural,  les communes de l’Estréchure et de Saumane décident de construire un chemin rural reliant le Pont de Gras à Rieu obscur.

La construction est évaluée à 186.000 francs. Une subvention se limitant à 48 % de la dépense est attribuée  par l’Etat. L’architecte IGOU d’Alès est désigné comme directeur des travaux. L’entreprise ASTIER de Marseille est adjudicataire.
Le financement des travaux sera assuré comme suit :

Subvention de l’Etat : 48%…………………………………………………89280 f.
Subvention du département 42%…………………………………78120 f.
Participation de la commune de l’Estréchure……………8000 f.
Participation de la commune de Saumane………….……..3500 f.
Participation des particuliers………………………………………………7100 f.
_______

Total……………………186000 francs

Les travaux sont achevés fin 1940. Qui est propriétaire du chemin ?

La Commune de Saumane ? Celle de l’Estréchure ? Ce n’est pas défini.

En 1950, à la demande des municipalités intéressées, il passe dans la voirie départementale sous l’appellation D 39 C.
II est goudronné. Les Chargements limités à trois tonnes.

Chemin forestier de la Perjurade

Ebauché en 1939, par des chômeurs de la région employés à des travaux d’intérêt général. Délaissé ensuite pendant de longues années, il est refait en son entier par l’office des Forêts en 1976/1977. C’est un chemin de terre sur tout son parcours. II prend naissance sur le D 39 au pont de Perjurade pour se terminer au Col de l’Asclier à sa jonction avec le D 20.

II dessert les triages forestiers, sert de coupe feu, est utilisé par les touristes piétons, les chasseurs, les chercheurs de champignons. Contrairement à ce que pensent certains, il s’agit d’un chemin public ou tout le monde a accès, en respectant la forêt, bien entendu.

LES SENTIERS

Sentier des champignons. (localisation gardée secrète)

De nombreux sentiers existaient autrefois. Ils étaient utilisés pour aller d’une ferme à l’autre, ou au village ou encore aux communes voisines. Ils ne sont plus guère utilisés aujourd’hui, à l’exception :
– du chemin de Bec de Jeu qui prend naissance au mas du Camp pour terminer au Bec de jeu sur la Corniche des Cévennes, avec bretelle sur le Barrel et la Valmy Haute ,
– du chemin des Portes qui prend naissance sur le D 39 c à Boisseroles pour se terminer au D I53, au-dessus de Millerines.

Ces deux sentiers figurent sur la liste des chemins de grande randonnée, Ils sont très fréquentés pendant la saison estivale par les touristes.

LES PONTS ET PASSERELLES

Passerelle sur le Gardon, vers Boisseroles.

Ponts

L’on peut considérer le Pont d’Ausset comme faisant partie de l’Estrechure. II a été construit en 1904/1905 pour remplacer celui qui, a un niveau inférieur se bouchait lors de fortes crues.

Le nouveau pont d'Ausset est construit en amont de l'ancien qui remontait à 1689 .

Le Pont de Gras date de la construction de la D 39 qui semble se situer en 1700/1710.
Le pont de Bussas dont il a déjà été parlé est reconstruit après les inondations de 1958.

Le Pont de la Valmy, à la limite des communes de l’Estréchure et Peyrolles qui a fait l’objet de travaux de consolidation ces dernières années.

Passerelles
Jusqu’en des temps récents, des passerelles accessibles seulement aux Piétons sont disposées sur Ie lit du Gardon pour faciliter l’accès des deux rives. Elles sont en bois, amarrées à une rive par une chaîne, déplacées à la moindre crue. Les utilisateurs sont obligés de les mettre ensuite en place, ce qui est pénible et dangereux. Peu à peu elles sont abandonnées ou reconstruites.

a) La passerelle du château de I’Hom (poème sur la passerelle )
Ne subsiste que l’été en période de basses eaux . Autrefois, située au droit du chemin public qui prend naissance à coté de la maison Fournier, elle permettait l’accès au Château, et à la Vallée de Rieu Obscur. Les intéressés utilisent aujourd’hui le chemin routier du Château, ou Ie D 39 c ou ,encore, pour les piétons, la passerelle de Boisserolles.

Passerelle vers le château de l'Hom

NDW : Chaque année au début de l’été, la passerelle conduisant au château de l’Hom est remise en place, pour la période durant laquelle elle est la plus empruntée, mais aussi, la moins susceptible d’être emportée par une crue subite du Gardon.

b) La passerelle de Boisseroles : la plus utilisée. Elle fait communiquer le village avec le hameau de Boisserolles et l’Aubarède avec sentier de grande randonnée de Portes et accessoirement à la Vallée de Rieu Obscur. Construite en béton en 1950. Emportée par les eaux en 1965. Elle est reconstruite dans l’immédiat par la Municipalité. Elle sera de nouveau emportée au début des années quatre vingt. Elle sera reconstruite par l’entreprise Almaric en 1982-83. (Les restes de l’ancienne passerelle sont toujours visibles dans l’eau).

c) La passerelle de St Martin qui relie St Martin à la D 907, à proximité du Gramentès. Construite en béton sur charpente métallique au début du siècle. Elle est emportée par les eaux en 1977. Elle ne sera jamais reconstruite.

d) La Passerelle de Bussas relie Bussas à la D 907. Elle est montée sur câble.
Elle n’est utilisée qu’en période de crue du Gardon, lorsque le pont routier du chemin communal est submergé. Elle est dans le domaine privé.

LES TRANSPORTS

La diligence du Val Borgne (chanson de Robert LEYDET).

Les premières voitures publiques en circulation viennent de la direction de Lasalle et vont sur Florac par la Côte de Capou, St Roman de Tousque et vice versa.

Après l’ouverture du Tunnel de St Jean du Gard, les véhicules transportant les personnes circulent sur l’axe Anduze, St Jean du Gard St Andre de Valborgne et à partir de 1884 par Ie Tunnel du Marqueyres peuvent aller sur Florac. Le Passage par la cote de Capou est abandonné.

Après l’ouverture de la gare de St Jean du Gard (1906) plusieurs services journaliers sont faits entre cette localité et St André de Valborgne par plusieurs entrepreneurs. Les diligences sont tirées en principe par trois chevaux attelés en rang.
Elles comportent un étage supèrieur bâché (l’impériale). Les bagages y sont installés. On les y hisse au moyen d’une échelle accrochée en permanence au véhicule. Si l’affluence des voyageurs est grande, certains, (les plus jeunes) y prennent place. A l’arrière un compartiment ou face à face peuvent s’asseoir six ou huit personnes. A l’avant: siège du cocher : une couverture mobile en cuir protège à la fois de la pluie et du froid. Elle est roulée pendant la saison chaude.
Une ou deux personnes peuvent prendre place à cote du voiturier. Ces places sont agréables pour ceux ou celles qui en bénéficient. On voit tout ce qui se passe sur la route.
Pendant la guerre I9I4/I9I8, il n’y avait qu’un seul aller et retour par jour et à des heures irrégulières.
Le tronçon de voie ferrée Alès St Jean du Gard ayant été fermé au trafic des voyageurs, les diligences prolongent leur service jusqu’à Lézan. La situation redevient normale après les hostilités. Les voyageurs sont acheminés à nouveau par la gare de St Jean du Gard, les diligences circulant à des heures régulières.
Evolution en I92I. Un service d’autobus Alès, St Jean du Gard, St André de Valborgne est créé par Jules Ozil, originaire de la région alésienne et qui deviendra plus tard, maire et conseiller général de St André de Valborgne.
Ce service donne satisfaction par sa rapidité et son confort (pour l’époque). Les diligences ne sont plus utilisées et disparaissent. Petit à petit, l’autobus se modernise. Il correspond à St Jean du Gard avec la plupart des trains et transporte le courrier.

Vers 1960, la ligne d’autobus est achetée par l’entrepreneur FORT de St Jean du Gard.
II donne satisfaction, mais réduit la rotation de ses véhicules du fait qu’il n’a plus beaucoup de clients: ils utilisent leur voiture personnelle.
Le courrier : l’Administration des PTT utilise une entreprise privée. En revanche, il fait le transport des écoliers du canton qui vont au collège de St Jean du Gard. Il les prend à l’Estréchure à 8h30 et les ramène à I7 h30.

CHEMIN DE FER

On en parle depuis longtemps. Déjà, le 19 mai 1972 le Conseil Municipal a émis le vœu qu’une ligne, s’embranchant à Ners sur la voie principale Nîmes – Alès, soit créée. On envisage de lui faire desservir Anduze, St Jean du Gard avec prolongation sur Meyrueis et Millau. Ce projet est abandonné.

La ligne sur Anduze est créée peu après avec départ de la station de Mas des Gardies. Plus tard, de nombreuses interventions demandent que la ligne se poursuive jusqu’à St Jean du Gard. En 1906, le chemin de fer y arrive.
Le trafic voyageurs et marchandises est important. Les Vallées Borgne et Française utilisent les services de la nouvelle station dont l’importance est renforcée par la construction a proximité d’une usine de produits tannants qui reçoit du bois de châtaignier par les routes des Cévennes allant sur St Jean du Gard, mais également par la voie ferrée. Le produit fini est expédié par barils en bois.
Pour accéder à la gare, l’assemblée communale de St Jean du Gard a aménagé une avenue et construit un Pont sur le Gardon. Pour ce faire elle a contracté un emprunt de 180.000 francs, ce qui constitue pour la collectivité une lourde charge.
Pour amortir cet emprunt la municipalité St Jeannaise, institue une taxe locale de 0,10 F, pour tous les colis arrivant en gare et pour tous les billets délivrés par la station. Le Conseil Municipal de l’Estréchure, comme toutes les communes intéressées, proteste contre cette mesure par délibération du 8 avril 1906. Malgré ces protestations la surtaxe est maintenue et payée.
Le trafic est normal jusqu’à la deuxième guerre mondiale. II fléchit ensuite du fait de l’usage de l’automobile qui s’intensifie, que les transports routiers de marchandises deviennent plus importants, que des services de car sur Alès et  Nîmes et Montpellier sont créés. La gare de St Jean est fermée à tout trafic en I960. A ce moment, la Vallée Borgne est desservie par la gare d’Alès pour les marchandises et Nîmes pour les voyageurs.

L’INDUSTRIE DE LA SOIE

La sériciculture est le principal revenu. De la réussite de l’élevage des vers à soie dépend la plus grande partie des recettes et des dépenses de l’année.

L’élevage des vers à soie est une période de travail intense notamment pendant les I5 derniers jours. Si la récolte est bonne, c’est la fête au moment de la « mise de la bruyère », et du décoconnage.
Si elle est mauvaise, c’est le désastre. La rentrée d’argent sera nuIle ou peu importante et fera défaut tout au long de l’année.

L’Industrie est en rapport avec l’élevage des vers à soie, puisqu’il s’agit de filatures pour le dévidage des cocons.
Une première filature est installée à Primerose. Elle fonctionnera jusque vers I9I2. La deuxième est construite au milieu du I9° siècle, au centre du village (actuellement maison Tabusse – Baudoin). Son activité s’arrête
vers I935. La troisième est édifiée vers I9IO, par un groupe de personnes de l’Estréchure. Les installations sont modernes à l’origine. Elles permettent une fabrication plus importante. Elle cesse définitivement son activité vers 1960. Les locaux sont transformés en logements, garage et entrepôt.
Seul, du personnel féminin est employé dans ces divers ateliers.
Le salaire perçu permet aux ouvrières de vivre modestement ou est un appoint intéressant pour les familles dont le chef est souvent un petit exploitant agricole.
Toutes les jeunes filles ou femmes disponibles travaillent dans ces ateliers. On les y accepte dès l’obtention du certificat d’études ou à la fin de leur scolarité ( I2/I3 ans ) on leur réserve, au début, des travaux légers.
La fermeture de ces ateliers liée a l’abandon de l’élevage du ver à soie est une des principales causes de l’exode qui a réduit le village et la commune à une population de 15O habitants, alors qu’il y en avait 500 en I914.

L’AGRICULTURE

La châtaigne

II s’agit d’une agriculture de montagne. Tout est entretenu et débroussaillé. Les treilles faites de lattes et de piquets de châtaignier couvrent les ruisseaux, sont installées en contre bas des traversiers, en bordure des terres parfois devant la porte, elles font de l’ombre l’été.
Les raisins provenant de plants américains résistants au phylloxera, non greffés (clinton, isabelle, jacquet) produisent un vin foxé, parfois aigrelet, que nos paysans, faute de mieux, ne détestent pas. Les vignes greffées sont rares.

Les travaux des champs sont faits avec des instruments aratoires primitifs (bigot, araire). Les fardeaux sont transportés à dos d’homme (fumiers, récoltes, bois de chauffage, branchages pour alimentation du bétail). Les céréales (seigle principalement) sont coupées à la faucille, les gerbes liées à la main. La paille battue au fléau sur des aires attenantes aux maisons, qui ont parfois un caractère collectif.
La plupart des terres sont en terrasses (bancels, traversiers) toutes complantées en mûriers. Y sont récoltés : une année des pommes de terre, une année du seigle ou du froment: l’assolement est de règle. On emploie uniquement du fumier provenant de l’exploitation transporté dans les champs à dos d’homme, les jours de mauvais temps dans des paniers appelés « Faïssiaou ».
Les engrais chimiques ne seront utilisés que plus tard.
L’irrigation des terres et des prairies est faite au moyen de canaux ou béals creusés à même le sol aboutissant à des sources, des bassins (Gourgues) ou a des barrages sur les ruisseaux, appelés « tanquat  » ou sur le Gardon.
Les propriétés sont exploitées en faire valoir direct ou en fermage. Le fermage consiste à payer au propriétaire une somme fixe annuelle, plus la moitié du produit de la récolte des cocons.

Dans presque toutes les exploitations se trouve un troupeau d’ovins plus ou moins grand: il varie selon l’importance de la propriété. D’une manière générale, il est gardé par une personne de la famille âgée, ou par la femme, ou par un adolescent qui a quitté l’école de bonne heure.
Quand ou veut les vendre on conduit moutons ou brebis aux foires des villages voisins , plus particulièrement à Saumane ou se tiennent des foires importantes. Ce ne sera que plus tard, après la première guerre mondiale que des maquignons iront les acheter à la ferme.
Les chèvres sont moins nombreuses qu’aujourd’hui. Dans chaque ferme de 2 à 5 chèvres pour la consommation familiale de lait et fromage.
On en vend rarement: le pélardon n’a pas la vogue qu’il aura plus tard.
Pas de bovins. Chevaux ou mulets sont l’exception dans les exploitations. Les fourrages récoltés sont réservés aux ovins et caprins.
Quelques poules qui picorent autour de la maison en recevant quelques poignées de seigle, de miel, de débris de châtaignes sèches, fournissent les oeufs nécessaires à la famille.
Quelques lapins nourris avec des débris de culture, vivant souvent dans l’étable avec les chèvres, permettent d’avoir sous la main lors de la visite d’un parent, d’un ami, ou le dimanche, un civet apprécié.
La nourriture des poules et lapins ne coûte rien: tout provient de la propriété.
On fauche le fourrage (première coupe) dés la fin de l’élevage des vers à soie et le regain (2ème coupe) à la mi août. La faux est seule utilisée. Le fourrage séché est serré dans des cordages coulissant sur des barres de bois appelées « Paillargues  » et rentré à dos d’homme.
Les châtaigniers sont plantés ou poussent naturellement en bordure des prairies, des ruisseaux, sur les collines.
On cueille les fruits d’octobre à fin décembre. Dans les exploitations importantes on loue des ouvriers pour la saison. Ils sont chichement payés. Leur nourriture est à base de châtaignes, de soupe de légumes, de lard et de fromage de chèvre. Comme boisson: de la piquette.
 Ils sont au travail de la pointe du jour à la nuit. Hommes et femmes penchés sur le sol cueillent les fruits qui sont déposés dans un petit sac en toile fixé à la taille par une ceinture de cuir (saquette), après avoir écarté les feuilles et les bogues au moyen d’une petite fourche à deux ou trois branches, appelée « gratte ».
Selon la saison et les lieux une personne cueille journellement de 60 à 100 kilos de châtaignes qui sont transportées à la ferme à dos d’homme, pour les donner en l’état au bétail, plus particulièrement les porcs ou les déverser au séchoir (« Claie ») ou, après dessiccation, elles seront décortiquées en les frappant, insérées dans un sac spécial, sur un tronc de châtaignier, pour ce préparé.
Après élimination des écorces, les belles châtaignes sont vendues à des commerçants locaux qui les revendent pour la consommation humaine.
Celles de petite dimension et les débris sont réserves à la consommation des animaux de la ferme.

LES PORCS

La charcuterie familiale
Les châtaignes fraîches et sèches étant à la base de la nourriture du porc, il faut bien parler de cet
animal, dont, par ailleurs, la viande est à peu près le seul aliment carné de la population.

Le nombre de porcs varie selon l’importance de la châtaigneraie: de deux à cinq ou six et parfois 7.
En outre, à peu près toutes les familles en élèvent un pour leur consommation.

Achetés en décembre ou Janvier à des marchands venus de l’Aveyron qui les poussent en troupeau
devant eux, les porcs à hautes pattes et longues oreilles rabattues sur le museau, le dépassant souvent, convenablement  nourris avec des issues achetées dans le commerce local, des pommes de terre, des châtaignes fraîches ou sèches arrivent à peser  jusqu’à  250 kilos en fin d’année. 
Ils sont vendus sur les marchés et foires d’Anduze ou de St Hippolyte du Fort où ils sont transportés sur des charrettes munies de claies, spécialement aménagées.
Chaque famille en garde un pour sa consommation.

Dans chaque village se trouve un ou 2 saigneurs de cochons qui, à la demande, se déplacent d’une maison à l’autre, avec une grande auge, appelée « pastière » sur laquelle le porc est renversé par des aides, saigné, ébouillanté,  nettoyé extérieurement, vidé de ses viscères, partagé en deux quartiers, dépecé
en morceaux dont chacun à une destination bien définie: Jambon, saucisson, saucisse, confits, pâté, fromage de tête, lard et éventuellement petit salé.
Le sang recueilli au moment de l’abattage, mélangé à des herbes blanchies (feuilles de poiré, chicorée frisée et des aromates), sert à faire le boudin, à la mode cévenole qui, est très apprécié.
A peu près toutes les femmes et beaucoup d’hommes savent préparer la charcuterie familiale, connaissent les proportions de sel à employer pour une bonne conservation tout au long de l’année.

LA VIE AU VILLAGE

Pendant le 19° siècle et les vingt premières années du 20°, le commerce local est actif du fait que la population ne dispose que de peu de moyens de transport rapide. Eloignée des centres importants: il lui est difficile de s’y rendre pour faire des achats. C’est ainsi qu’on compte dans l’agglomération deux boulangeries pâtisseries, cinq cafés, deux hôtels restaurants, un marchand de chaussures, deux cordonniers, deux tailleurs d’habits sur mesure, un marchand drapier, un boucher, deux maquignons, deux maréchaux ferrant, un forgeron taillandier, un charron, trois ou quatre artisans maçons, quatre épiciers, une couturière, une modiste. Deux négociants achètent aux paysans leurs récoltes et leurs porcs gras. En échange, ils leur vendent tout ce dont ils ont besoin pour leur exploitation. Comme il a été dit, par ailleurs, les filatures de soie occupent la main d’œuvre féminine disponible.
A l’issue de la guerre 1914/1918, au cours de laquelle trente Estréchurois sont morts au champ d’honneur, la population commence à baisser. Parmi ceux revenus, un certain nombre qui n’ont pas de travail stable se dirigent vers la fonction publique ou les chemins de fer ou ils estiment que le travail est moins pénible que celui des champs et plus rémunérateur.
Ils y sont poussés par leurs femmes ou leurs fiancées attirées par la ville et heureuses de quitter le travail de la filature qu’elles trouvent fastidieux.
Petit à petit les commerces et artisanats disparaissent faute de clients et en I979,il ne reste qu’un menuisier qui ne fait plus que la menuiserie du bâtiment, un boulanger ,qui fabrique aussi le pain pour la commune voisine de Saumane, deux cafés ,dont un est fermé en hiver, deux épiciers. L’hôtel restaurant est fermé d’octobre à mars. La population est de cent cinquante huit habitants au recensement de 1975.
En I979,la situation a évolué. De nombreuses personnes venant de toutes les régions de France ont acheté des maisons qu’ils ont réparées en les améliorant. Ils y viennent pendant les vacances d’été.
D’autres louent des maisons ou appartements pour la saison estivale.
Certains résidant dans la région viennent passer le dimanche à la campagne ou au bord de l’eau. Dans la périphérie, des campings reçoivent l’été des gens de toute la France. Deux colonies de vacances sont installées et totalisent en saison trois à quatre cents pupilles.
Cet afflux de population s’il est bénéfique pour le commerce local est moins bien accueilli par certains. les rivières sont envahies à longueur de journée, le cheptel piscicole décimé par des procédés parfois illégaux.

Les châtaigneraies sont envahies par des chercheurs de champignons qui prospectent les coins les plus éloignés, aux dépens de la population autochtone qui voit enlever par d’autres une récolte qu’elle estime lui appartenir. Les jardins et vergers sont parfois pillés. Tout cela indispose les exploitants agricoles dont certains réagissent en créant une association de défense des cultures avec gardes assermentés, mal accueillie par certains et qui pourrait bien ne pas durer longtemps.

LES MARGINAUX

Peace and love !

II faut bien en parler. Ce sont des jeunes des deux sexes, ages de 20 a 35 ans, vivant souvent en communauté, en union libre, rarement mariés.
Fervents adeptes de l’écologie, de la vie en plein air, loin des contraintes de la ville, ils logent dans des maisons isolées, souvent sans mobilier, couchant par terre, paraissant ignorer les règles les plus élémentaires de l’Hygiène.
lIs se déplacent dans de vielles automobiles. Leur tenue vestimentaire ressemble parfois à celle des romanichels. La plupart sont des fils de familles aisées qui leur envoient des subsides.
lIs sont venus faire l’élevage des chèvres, des poules, pensant vivre de peu et croyant faire revivre les Cévennes. II semble qu’ils y arriveront difficilement et … qu’ils déchanteront.

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LES EVENEMENTS DE LA VIE LA NAISSANCE

Les femmes accouchent chez elles. Assistées d’une matrone du village, très au courant de la venue au monde de l’enfant et des soins à donner à la maman.
II n’est fait appel au médecin qu’en cas de complications.
Dès sa venue au monde, l’enfant est serré dans des langes où il ne peut remuer. Sa toilette est faite matin et soir et parfois dans la journée lorsque cela est utile. On le coiffe jour et nuit d’un béguin plus ou moins luxueux. Cela dure jusqu’à l’age d’un an environ. A ce moment, au cours de la journée, il est vêtu d’une robe le jour, mais langé la nuit jusqu’au moment où il ne se salit plus.
II est allaité au sein maternel.
Lorsque la mère ne le peut ou qu’elle a des occupations ou un certain niveau de vie, l’enfant est placé en nourrice. C’est à dire confié à une femme qui l’allaite naturellement soit qu’elle a sevré le sien de bonne heure, soit qu’elle en ait perdu un à la naissance ou au cours de la première année de la vie, qu’elle a du temps et un sein généreux. Pour ce service il est donné ou perçu trente ou quarante francs par mois. C’est substantiel, pour la famille qui perçoit et qui souvent vit chichement.
A l’age de 5 ans, tous vont à l’école communale et y restent jusqu’à 12/13 ans. En principe, l’enseignement est couronné par le certificat d’études primaires. Rares sont ceux qui poursuivent leurs études au delà,
si ce n’est des rejetons de familles aisées, rares en Cévennes.
A leur sortie de l’école, les filles vont travailler à la filature de soie et c’est parfois pour toute leur vie. Les garçons travaillent aux champs ou sont placés en apprentissage chez un artisan du village ou des localités voisines.
Ce n’est qu’après avoir effectué leur service militaire, qu’ils se décident pour une situation stable, que ce soit dans l’agriculture, l’artisanat ou l’administration.

LES EVENEMENTS DE LA VIE LE MARIAGE

Pour le meilleur et pour le pire.

II a lieu généralement entre filles et garçons du même village ou de villages voisins, pratiquant la même religion. Les mariages de personnes de religion différente sont l’exception.

Parfois, par l’intermédiaire des pasteurs, des curés, de parents ou même de tiers qui connaissent des personnes susceptibles de s’unir,  répondant aux conditions de dot, de ressources, de religion, de convenances personnelles, des mariages interviennent.

La date de la cérémonie étant fixée, généralement un samedi, le mariage civil a lieu immédiatement avant et même parfois la veille en présence des seuls témoins et parents proches. Les mariages civils sont l’exception.

En principe. il y a beaucoup d’invités. Le repas qui suit a lieu dans un local spacieux. En principe, la magnanerie. Elle est débarrassée des tréteaux servant à l’élevage des vers à soie. Les sièges sont constitues par des planches posées bout à bout sur des chaises, les tables, le plus souvent sommaires, sont prêtées  par des voisins ou des aubergistes. La cuisinière est une femme du village, souvent la même. Elle conseille les menus qui sont pantagruéliques. II y a presque toujours au menu: de la tête de veau avec mayonnaise, de la morue en brandade (dont les convives sont friands parce qu’ils n’en mangent que dans semblables occasions)  des légumes de saison, des vols au vent de grande dimension, du lapin en civet, des gigots cuits au four de la ferme  chauffé pour la circonstance. Au dessert, des pièces montées de choux à la crème, des gâteaux de savoie. On boit du vin du pays. Le Champagne n’a pas encore pénétré les Cévennes.

 

Le repas dure cinq ou six heures. II est entrecoupé de chansons, d’histoires drôles, parfois salaces, mais tout est permis ce jour la. Le Bal suit. Jeunes et moins jeunes y participent. II est animé par un seul musicien : Haut-bois, accordéon, clarinette.

Les mariés s’éclipsent furtivement. La Jeunesse les recherche pour leur apporter un réconfortant.

Comme les victuailles du samedi préparées en abondance n’ont pas été achevées, un nouveau repas est servi le dimanche à midi.

LES EVENEMENTS DE LA VIE LA MORT

Comme chacun le sait, on meurt à tout âge. Dans ces circonstances pénibles pour la famille, les voisins apportent leur réconfort. Ils font la toilette du mort, avisent Le Ministre du Culte intéressé, font en mairie la déclaration du décès, préviennent les parents et amis des environs.
Le jour et l’heure des obsèques sont fixés, en tenant compte de l’arrivée et du départ de la voiture publique ou du parcours à effectuer par ceux circulant à pied.
Depuis le I7° siècle, au moment de la Réforme ou il a été interdit d’inhumer les protestants dans le cimetière communal, les Réformés ont pris l’habitude d’enterrer leurs morts, soit dans le cimetière familial, soit dans un terrain leur appartenant et pour ceux qui ne possèdent rien dans la propriété ou ils sont fermiers ou encore dans un lieu que leur propose un ami ou connaissance.
Ceux appartenant au Culte catholique autrefois inhumés au cimetière jouxtant l’Eglise de St Martin le sont, depuis 1848 dans celui attenant à l’Eglise de Saumane.
Une coutume aujourd’hui disparue voulait qu’avant ou après les obsèques, un repas à la maison mortuaire réunisse tous les parents venus de plus ou moins loin à la cérémonie. C’est ainsi que des personnes peinées par la disparition d’un être cher étaient obligées de préparer et de servir un repas qui comptait parfois de vingt à trente convives.

LES ARTISANS LOCAUX

Entreprise de maçonnerie Olivier AMALRIC l'Estréchure

Les tailleurs locaux confectionnent sur mesure les costumes qui leur sont commandés.
lIs fournissent le drap ou les tissus. Les intéressés n’en commandent pas un chaque saison. On a vu des hommes vivre jusqu’à un age normal emporter dans la tombe Ie complet qu’ils avaient acheté le
jour de leur mariage et qu’ils n’avaient endossé qu’à de rares occasions.
Ils confectionnent aussi pantalons de velours et de cadi.
Les cordonniers fabriquent de gros souliers cloutés pour les travailleurs. Ceux confectionnés pour les enfants sont de dimension suffisante pour être utilisés la première année le dimanche, la deuxième année tous les jours pour aller à l’école.
L’hiver tout Ie monde porte des sabots de bois creusés dans des troncs de verne ou de noyer par les artisans locaux.
Cependant, des voyageurs d’Alès (dizier Faïsse), de St Hippolyte du Fort (Gaubiac) de St Jean du Gard (Mezin ) passent à domicile, pour vendre des draps de lit, de vêtements de travail, de la lingerie, des chemises d’homme. Les ménagères font des commandes de lingerie à des magasins de Paris (Le Printemps, La Samaritaine) qui envoient chaque année leur catalogue à leurs clientes.
Le boulanger pétrit son pain à la main, il y adjoint un levain préparé avec un pâton de la veille, le cuit dans un four chauffé au bois.
Beaucoup de paysans font eux mêmes leur pain. Ils mélangent de la farine de froment provenant de minoteries marseillaises et de la farine de seigle moulue au moulin de Saumane ou de St Jean du Gard.
Le levain est acheté chez le boulanger local ou conservé, salé, dans un pot dans un endroit frais à la ferme. Chacun a son four ou la cuisson est effectuée après l’avoir chauffé avec des branchages, vestiges de fagots faits pour le bétail. C’est en général la femme qui fait le pain, mais certains hommes sont compétents. En principe on fabrique pour 15 jours, des miches de 3 ou 4 kilos qui sont conservées soit sur une planche fixée au plafond de la cuisine, soit dans un endroit frais.

L'ALIMENTATION

Le garde-manger

Du fait que les gens disposent de peu d’argent et qu’ils sont économes par nature, les estréchurois, comme en général tous les Cévenols, vivent chichement des produits qu’ils récoltent :
châtaignes fraîches ou sèches, pommes de terre, légumes de toute sorte, charcuterie familiale.
Les dimanches ou jours de fête ou quand il y a un parent ou un ami invité, un lapin est tué ou une poule qui ne pond plus est cuite.
Exemples des repas à la fin du siècle dernier, le matin : Soupe de légumes , l’été salade de concombres et poivrons, fromages de chèvre, châtaignes.

Le soir, soupe de légumes ou salade, fricot de légumes frais ou secs selon la saison, fromage de chèvre, confiture pour les enfants
Comme boisson de septembre à  mai : piquette, autre période vin.
L’assaisonnement se fait uniquement au lard. L’huile comestible n’est utilisée que pour la salade.
Le Pain, le lard et le fromage se tiennent dans le tiroir de la table de la cuisine.

Les Veillées : La télévision n’existe pas. Que faire pendant les longues veillées d’hiver? Peler des châtaignes pour les porcs, faire de la vannerie pour la ferme.
Il y a les veillées, avec les voisins, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Comme le repas du soir est pris dès la chute du jour, on part ou on reçoit de bonne heure. On se déplace à la lueur d’une lanterne à huile,

ou à  bougie. Les hommes s’installent autour de la cheminée qui est le seul moyen de chauffage.
Ils racontent les histoires du jour et celles d’autrefois, parlent politique, jouent aux cartes s’ ils sont assez nombreux. Les femmes tricotent et prennent part à la conversation si elle les intéresse, les enfants jouent à proximité ou se tiennent dans le coin de la cheminée. La, pour se distraire, ils attisent constamment le feu ou bougent la crémaillère. Les femmes boivent du café ou une infusion. Les hommes boivent du vin ou de la piquette. Quand c’est la saison des châtaignes, on les mange grillées. La fameuse « brazuquado » qui consiste à mettre dans une poêle dont le fond est percé à cet effet et posée sur un trépied, des châtaignes qui se cuisent sur un feu doux. Pliées dans un linge et placées dans un banneton(improprement appelé paillasson) un enfant s’y assied dessus pour parfaire la cuisson et rendre les fruits plus souples. C’est ce qu’on appelle les « couver ». Les châtaignes étant à point, elles sont décortiquées et mangées. Les éleveurs d’ovins munissent leurs brebis et leurs moutons de cloches dont ils reconnaissent le son, ce qui leur permet de les repérer dans le pâturage.
A la mi-juin vient la transhumance. Le bétail est rassemblé à Saumane pour de là, gagner la Lozère. Les plus beaux spécimens sont munis de plumets de diverses couleurs, les béliers de clochettes imposantes et d’un son plus grave. Tous les bergers se retrouvent à Saumane, passent la nuit à festoyer au restaurant Viala. Après le départ du troupeau aux premières lueurs du jour, ils regagnent leur maison, parfois un peu éméchés.

C’est pour eux trois mois de vacances. Ils sont libres tous les dimanches jusqu’à la mi-septembre.
Au retour de la transhumance, chacun va chercher son bétail au lieu d’ou il était parti, il prend les bêtes lui appartenant qu’il reconnaît facilement. C’est ce qu’on appelle « TRIER ».

LA LESSIVE

Du chiendent et de l'huile de coude !

Elle est faite plus ou moins souvent, mais au moins une fois par mois.
Quand il s’agit de draps de lit, un grand récipient en zinc, muni d’une bonde d’écoulement, monté sur trépied ou tréteau est utilisé. Le linge y est rangé après avoir été trempé et savonné. Une couche de cendres de bois est placée en surface. de l’eau très chaude est versée, puis recueillie au trou d’évacuation et reversée sur le récipient. Quand il est jugé que l’opération est terminée, le linge est récupéré et rincé à grande eau. Quand ce linge est sec, il fleure bon.
Aux beaux jours, le linge est lavé à la rivière. Au moyen d’une houe triangulaire (« aissadou ») une rigole d’un mètre de large environ est creusée dans le menu gravier, ce qui amène une plus grande quantité d’eau. Des pierres plates sont disposées en bordure de la rivière sur la partie sèche. Les femmes, à genoux sur un petit matelas de paille, lavent le linge sur la pierre. Après l’avoir savonné, le frappent au battoir, le rincent à même le courant et pour le sécher, l’étendent sur le gravier où les rayons du soleil lui donnent une blancheur immaculée.

L’ECOLE

Le règlement.

II apparaît que la première école ouverte à l’Estréchure (St Martin de Corconac) l’a été en 1823, Elle ne reçoit ,en principe que des enfants protestants du sexe masculin. La plupart ne viennent en classe qu’à la mauvaise saison, le reste du temps, leurs parents les emploient à la garde des troupeaux, à de menus travaux, à la cueillette des châtaignes ou les louent aux mêmes fins à des particuliers.

A la suite de la loi du 28 Juin I833, le conseil Municipal décide le 30 août 1833, que l’école recevra l’ensemble des enfants catholiques et protestants . II demande à l’Etat et au département de l’aider dans le fonctionnement de l’école. II fixe la rétribution mensuelle à verser par les familles à l’instituteur: deux francs pour ceux qui apprennent à lire, trois francs pour ceux qui apprennent à lire et écrire, quatre francs pour ceux qui apprennent à lire, écrire et  » chiffrer « .

Les instructions gouvernementales prévoient que l’instituteur doit gagner au moins sept cents francs par an. Etant donné qu’il reçoit des familles pour les élèves payants la somme de six cent vingt francs, la commune lui verse quatre vingt francs par an et le loge gratuitement.

L’école ne recevant que des garçons, les filles de la bourgeoisie sont mises en pension dans des institutions libres et payantes à Lasalle, Saint Jean du Gard ou Alès. Elles y reçoivent, si elles sont douées, une instruction poussée et surtout les bons usages dans la société. Ceci est la conséquence de la Loi Guizot de I833, déjà citée, qui ne parle pas de l’enseignement féminin, sinon en annexe, pour ajouter « S’il y a lieu, on pourra ouvrir une école de filles ». II existe alors en France douze mille écoles de filles tenues par les congrégations et ne recevant que des enfants catholiques.

En ce qui concerne l’Estréchure, l’école communale de filles a été créée en I863, à la suite d’une délibération du 8 février 1963. La première institutrice se nomme Madame FRAISSINET née PORTEFAIX, il semble qu’elle est l’épouse de l’instituteur en exercice.

Les FRAISSINET étaient, le père et puis le fils, instituteurs à l’Estréchure. La maison appartenant aujourd’hui à Frank Rousset était leur propriété. lIs y logeaient et louaient les salles pour l’école à la commune. II semble que c’est dans ce bâtiment que l’instruction a été donnée aux estréchurois, jusqu’à la construction des écoles actuelles en 1886.

En I88I, la loi Jules Ferry proclame la gratuité, la laïcité, l’obligation scolaire. A la suite de cette loi, le Gouvernement fait de gros efforts pour la construction de bâtiments d’école. Par délibération du 7 Juillet 1881 le Conseil Municipal décide la construction d’une école. Le Terrain nécessaire est cédé par Jean Louis HILLAIRE, propriétaire à l’Abric, pour la somme de deux mille deux cents francs. Le Plan de construction approuvé les 13 août et 12 Novembre 1882 puis adressé au Ministre pour approbation.

Un devis établi par l’architecte NEGRE se chiffre à 25.599 francs. Les choses traînent. Le 25 février 1886, les travaux n’ont pas encore démarré. Ils sont effectués par l’entreprise BOUDON de l’Estréchure qui les termine le 16 Juin 1889.
Le bâtiment comprend outre les classes, deux logements d’instituteur, la mairie. Il est nécessaire d’effectuer un emprunt pour régler la dépense. Le crédit Foncier prête 25.599 francs, remboursables en trente annuités égales de 1581,82 francs. L’amortissement se fait comme suit et par an :

 

Subvention de l’Etat………………………………………933,27
A la charge de la commune…..…………………………..648,55
                                                                        Total……1581,82
Le règlement de la construction s’effectue comme suit :

Montant du projet……………………………………………………………..20256,91
Rabais de 20%………………………………………………………………….4051,40
                                                            Reste pour les travaux…………………16205,52
Travaux imprévus……………………………………………………………….5343,02
Somme payée à l’entrepreneur……………………………………21548,61
Honoraires de l’architecte…………………………………………..1156,33
                                                            Total……………….………….22704,94
Achat terrain et enregistrement………………………………………2620,16
                                                Dépense totale………………………….25325,10
Emprunt du Crédit Foncier……………………………………………………..25599,00
Reste disponible la somme de……………273,90 francs

 

 

qui sera affectée à l’achat d’un terrain à Hortense VIALA épouse GIROT, pour faciliter l’entrée à l’école. Cette parcelle est payée 555 francs. La différence étant prise sur le budget communal.

Une belle histoire de l'époque

Les premiers instituteurs qui, occupent les locaux sont M. LARGUIER Aldebert, pour les garçons et sa femme née LAURET pour les filles.
Le premier gagne 1000 francs par an, La deuxième 700 francs par an.

A l’exception des travaux d’entretien ou de détériorations aux cours et aux préaux par les inondations de I890, aucune réparation importante n’est faite aux locaux jusqu’en 1951. A ce moment, la réfection des planchers des salles de classe, du vestibule du rez de chaussée s’impose. Il faut construire des WC avec fosse septique.
L’architecte SAGE d’Alès établit les plans et fait le devis qui s’élève à 1.249.079 francs. La Caisse des Dépôts et Consignations prête 1.000.000 de francs au taux de 5% remboursable en trente ans, montant de l’annuité à payer: 722,49 francs. La différence est prise sur le budget communal. L’adjudication a donné lieu à un incident. Le maire : MAURIN, artisan plombier est déclaré adjudicataire du lot plomberie. Le Préfet annule ce marché du fait que le maire ne peut être adjudicataire de travaux pour la commune qu’il administre.

L’école a été créée pour deux classes. Elles ont fonctionné normalement jusqu’en I950, puis, périodiquement, jusqu’en I965. En I979, une seule classe existe. Le nombre des enfants scolarisés sur place varie entre 8 et 10. La municipalité se bat pour qu’elle ne soit pas supprimée. Les causes sont la dépopulation et l’acheminement journalier par car sur le collège de St Jean du Gard des enfants atteignant l’age de 11 ans.

Un couple d’instituteurs en 1905, M. et Mme FELGEIROLLES

ECOLE DU HAMEAU DE VALLONGUE

Borne encore visible sur le pont de Perjurade

Elle est créée en I883 et ouverte le 30 septembre I883.
Elle reçoit les enfants du vallon de Vallongue, qu’ils soient de la commune de l’Estréchure ou de Soudorgues. A l’ouverture l’instituteur gagne 650 francs par an. L’école est supprimée en I952, par insuffisance d’effectif, bien qu’à la demande des habitants du quartier, le Conseil Municipal en ait demandé le maintien. La maison Martin sur la rive gauche du ruisseau abrite la classe et le logement de l’enseignant. C’est sommaire.
Elle est créée en mars I876. Elle reçoit les enfants du Vallon de Millerines en amont de la Borie de Faventines. La première institutrice est Madame REILHAN, née PHILIP. La classe est installée dans sa maison, puis dans la maison AURES (aujourd’hui FOURNON) et en I952, à la suite d’une mésentente sur le prix du loyer dans l’immeuble qu’occupe à l’heure actuelle LEYDET père.

LA POSTE LE TELEGRAPHE LE TELEPHONE

La poste de l'Estréchure avant qu'elle ne devienne communale.

Avant I822, le courrier est reçu par la poste de St Jean du Gard. Un facteur rural distribue.
Sur demande de la municipalité on le reçoit à partir de I822 par St Hippolyte du Fort. En I835, l’Estréchure est desservie par la Poste du Vigan. Le Changement est nuisible à cause de l’éloignement et du retard de deux jours qu’éprouve la correspondance.
La municipalité considère que le rattachement à la poste du Vigan est une erreur: Le courrier part du Vigan, passe par Valleraugue, est acheminé par un facteur rural, met deux jours pour arriver, est souvent arrêté par la neige, l’hiver.

Par la suite, la commune est à nouveau rattachée au bureau de St Hippolyte du Fort, puis à Lasalle, d’ou en 1844, le courrier n’est distribué que tous les deux jours bien que les correspondances administratives et particulières se soient extrêmement accrues et tendent à s’accroître sans cesse. A partir de 1850, le facteur passe tous les jours.
L’ouverture de la route nationale n° I07, en I870, change l’optique des dirigeants locaux. La commune est rattachée au bureau de Lasalle, pourquoi ne créerait-on pas semblable établissement au village de l’Estréchure qui desservirait St Martin de Corconac, Peyroles, Saumane, St Marcel de Fonfouillouse. Cela fait l’objet d’une délibération du 31 août 1871.
A la même époque, Saumane fait une demande identique, mais avec bureau à Saumane. Friction avec le Conseil Municipal de cette dernière localité. Si la création d’un bureau des PTT à l’Estréchure n’a pas lieu, autant continuer à être rattaché à Lasalle.
Demandes renouvelées en 1875/1876. La Direction départementale des PTT met certaines conditions à la création: fourniture d’un local au compte de la commune, logement du receveur, règlement des frais d’installation, chauffage, éclairage.
Le 11 avril 1878, le Conseil Municipal décide d’accepter les désirs de la Direction des PTT par sept voix contre cinq, le maire (Ulysse Campredon) est un des 5 opposants. Il démissionne.
Le bureau est ouvert en 1880. La commune s’engage à fournir gratuitement les locaux pendant dix huit ans.
Le Télégraphe est demandé le 5 octobre 1894. Il est installé en 1895 et relié au bureau d’Anduze. La contribution de la commune à cette installation est de 980 francs payés en une seule annuité (délibération du Conseil Municipal du 22 mars 1896).
La femme du receveur perçoit annuellement de la commune la somme de cent francs pour opérer en l’absence de son marie Monsieur Albin LIRON distribue les télégrammes et reçoit une rétribution annuelle de vingt francs (délibération du 21 mai I896).

Le 26 octobre 1902, le Conseil Municipal émet l’avis que deux facteurs soient adjoints au receveur. L’un pour Peyroles, l’autre pour Millerines.

Le 12 février I905, le courrier arrive, d’une part, par St Jean du Gard, d’autre part, par Lasalle. Il est demandé qu’il vienne uniquement par St Jean du Gard. Cette solution est acceptée.
Le téléphone est installé à la poste en 1921. Par la suite, de nombreuses personnes le font installer à domicile (annuaire 78 : 50 abonnés). Une cabine téléphonique est installée en 1978 sur la Place Girot .Des postes publics dont l’abonnement est payé par la mairie sont créés dans les années 1970, à Vallongue, Millerines et l’Elzière.
Le Bureau de poste est à l’origine, dans l’immeuble du Presbytère protestant. En I9I3, l’Union nationale des Eglises réformées de France qui en est propriétaire, refuse le renouvellement du Bail.

On envisage la construction d’un bureau de Poste Place Girot qui jouxterait Ie Presbytère. Monsieur Ulysse Girot propose de donner le terrain nécessaire. La construction est décidée le 10 avril 1913. Les plans sont dressés par un architecte.
Au moment de les approuver, MM. SABADEL, MAUREL et LAURIOL François,  prétextant que la construction d’un bureau de poste grèverait trop lourdement les finances communales, proposent l’annulation de la délibération du 10 avril 1913. Le projet est abandonné ce qui provoque la démission du Maire GIROT et de 7 conseillers municipaux le 11 Janvier 1914.
Un nouveau Conseil Municipal est élu les 1° et 8 mars 1914. Monsieur PASCAL Edmond est élu maire.
II reprend la question de la Poste. Contactée à nouveau, l’Union Nationale des Eglises Réformées refuse le maintien dans les lieux jusqu’au 30 Juin 1917 bien qu’il lui soit proposé un loyer de 250 francs pas an.
Monsieur TEULE Constant offre un local convenable (à cote de la boulangerie) qui est agrée par les PTT pour un loyer annuel de trois cents francs avec un bail de neuf ans.
Le local est occupé. En I932, Teule demande que le bail soit porté à 1200 francs. C’est trop. On envisage alors d’acquérir l’ancienne filature Girot pour la transformer en bureau de pose et de logement du receveur et d’employer, si besoin est, la procédure d’expropriation. En décembre I932, Madame Valérie GUIBAL,  propriétaire de la filature est d’accord pour la céder au prix de vingt deux mille francs. Le prix parait acceptable, l’acquisition décidée, le maire autorise à signer une promesse de vente, à contacter un architecte qui présente les plans le 22 Janvier 1933. Le Conseil Municipal les examine et les approuve. II décide de faire un emprunt de cent mille francs à la Caisse des Dépôts au taux de 5,30 % pour réaliser le projet. Durée de l’emprunt :30 ans. Annuité d’emprunt 6693 francs.
Nous sommes le 21 mai 1933. On ne parle plus de construire la poste. Les pourparlers ont traîné en longueur et MAURIN Louis, qui deviendra maire le 9 mai I936, a acheté le bâtiment.
La poste restera à la maison Teule qui renouvelle chaque fois le bail pour une période de 3 ans, mais qui, désire que ses locaux soient libérés dès qu’un bâtiment pour la poste sera trouvé.
En 1946, on envisage d’installer les PTT dans l’immeuble FROMENTAL (aujourd’hui Piastrelli, mais le locataire ne veut quitter les lieux que contre une indemnité de 125.000 francs que la commune ne veut et ne peut payer. Le projet est abandonné.
Une nouvelle municipalité est élue en 1953. Le Maire est M. PERRIER. La question du local de la Poste est immédiatement  posée. Sa construction sur l’emplacement actuel est décidée. Le terrain est acquis à Robert NICOLAS après de longues tractations avec l’intéressé qui se trouve en Indochine et que de mauvais esprits dissuadent de vendre. L’achat du terrain est réalisé pour la somme de cinq cent mille francs. C’est cher pour l’époque.

L’architecte CHABANNE de Nîmes dresse les plans. Outre le bureau de poste, un local médico-social sera construit à proximité. Un emprunt de trois millions cinq cent mille francs est contracté auprès de la Caisse d’Epargne d’Alès au taux de 5,50 %, durée 20 ans. Les honoraires de CHABANNE se montent à vingt deux mille francs.
Le coût du bâtiment est de trois millions six cent sept mille six cent quarante trois francs.
Le Receveur y est installé en 1955.
L’ administration des PTT participe au loyer de la recette distribution pour une somme de cinq cents francs par an, ce qui est jugé insuffisant par Ie Conseil Municipal qui n’ ose pas crier trop fort de crainte que le bureau de poste qui a perdu de son importance soit supprimé.
Les boîtes aux lettres de Millerines, du Mercoiret, du Pont de la Valmy ont été posées en 1912 avec l’autorisation du Ministre des Postes, mais aux frais de la commune. Coût: 102 francs.

LES SOURCES ET LES FONTAINES

Eau non contrôlée, mais garantie sans Javel.

Au cours de la première moitié du 19° siècle, il n’y a aucune fontaine au village. On utilise l’eau de puits. Ces ouvrages sont nombreux(deux dans le pré au nord du village, au mas du Camp, dans les jardins entre l’agglomération et le Gardon et même dans certaines maisons). Cette eau n’est pas saine. Des cas de fièvre typhoïde mis sur le compte de l’eau se produisent. On envisage d’amener au village l’eau d’une source qui se trouve à la Poujade.
Le 28 Juillet 1867,  par acte passé devant Maître GRAS ,notaire à l’Estréchure, une dame Hortense MARTIN vend et concède pour toujours à MM. David MAUREL négociant et à Ulysse CAMPREDON, propriétaire et avocat, les entières eaux qui existent à la Poujade pour le prix de quatre cents francs. Les acquéreurs se proposent de conduire les dites eaux au village. Ils ont la faculté de construire sur les fonds du vendeur un petit réservoir voûté, d’y creuser un canal où seront posés des tuyaux de plomb pour la conduite des eaux au village. Les fontaines sont construites.
Plus tard la question se pose de savoir si l’eau appartient à
MAUREL et CAMPREDON. Par déclaration écrite le 11 novembre 1906, Ulysse CAMPREDON
Dit « que M. MAUREL et lui même n’ont comparu dans l’acte de vente de la source
que pour et au nom des habitants de l’Estréchure qui les avaient délégués à cet effet, qu’ils n’ont jamais eu l’intention de profiter de cette situation pour en tirer avantage, que le prix indiqué dans l’acte fut payé au moyen d’une souscription publique faite parmi les habitants du village, que toutes les dépenses nécessaires pour l’établissement des fontaines furent payées par les mêmes moyens ».
David MAUREL fit une déclaration analogue le 27 Juillet 1908, mais avec réserves concernant l’égout de la fontaine du haut du village.

Les 3 fontaines avec vasques attenantes sont cédées à la commune par les Estréchurois le 12 Juin 1904 et le don accepté par Ie Conseil Municipal. Ce n’est qu’une formalité.
Dans les annees 1930 l’eau manque, particulièrement l’été. Les canalisations sont défectueuses • L’Assemblée communale demande que le génie rural étudie la question et charge le maire de se mettre en rapport avec les autorités pour aboutir dans un minimum de temps (Délibération du 24 février 1934).
Le projet d’adduction d’eau en provenance du Poujoul Sud,d’un coût de 81.500 francs présenté par le Génie rural échoue.
Un nouveau projet à partir de la POUJADE est étudie puis repoussé « parce que les ressources de la commune ne lui permettent pas de se lancer dans des travaux incertains ».
En 1950 nouvelle étude du captage de la source du Poujol sud.
Coût évalué à 336.000 francs. Le projet est abandonné par décision municipale du 20 Janvier 1952.
En I958, la canalisation amenant l’eau au village est emportée par la crue du 30 septembre. Une subvention à titre de sinistre permet la réparation dans l’immédiat.

Traversée du Gardon de la conduite d'eau soutenue par un cable en tension.
Cabestan de tension du câble soutenant le tuyau d'adduction d'eau aux deux fontaines coulant encore au village

Si l’eau coule peu ou prou aux fontaines publiques, elle n’est pas installée dans les maisons. Pour remédier à cet état de choses, se moderniser, les maires de l’Estrechure, Saumane et les Plantiers (pour Bourgnolles) décident de créer un syndicat intercommunal d’adduction d’eau qui desservira le plus grand nombre possible d’écarts et les villages, bien entendu.

Deux sources sont achetées, l’une aux huttes, l’autre aux Fals, commune de Saumane.
Les plans sont dressés par M. MOUTON, Ingénieur A. & M. à Nîmes. Les travaux s’élèvent à six cent mille francs lourds. Ils sont financés par l’emprunt.
Le Syndicat à cadre départemental dépendant du Conseil Général subventionne en annuités à raison de 65%. C’est à dire qu’il ristourne au Syndicat 65 % des annuités d’emprunt. 35 % restent à la charge de la collectivité.

Les travaux mis à l’adjudication à l’entreprise CAPRARO de Capdenac gare (Aveyron), avec un rabais de 22 %.

L’eau est installée dans les parties de la commune au nord du Pont de Gras, plus Pont de Rieumal, Hort de Dieu, Boisseroles. Un réseau d’égout est posé en même temps avec station d’épuration au pont de Gras. Dans la plupart des maisons desservies, sinon dans toutes, sont installées des salles d’eau, des WC. Quel progrès ! On n’utilise plus les WC primaires situés aux abords des habitations ou on ne va plus faire ses besoins dans la nature.

En ce qui concerne l’adduction d’eau, les travaux se sont élevés à 570.000 francs.
Les Sources des huttes et du Fals ont coûté 1500 francs chacune. La quantité d’eau se révélant insuffisante, d’autres sources ont été achetées par la suite et reliées au reseau : La Vaissigné (prix de la source 3000 francs.) le Poujol sud, coût de la source : 3000 francs, et travaux de raccordement : 45000 francs

LA FONTAINE DE MILLERINES

Le 7 Juillet I920,le Conseil Municipal est saisi d’un projet d’établissement d’eau à Millérines. Le Principe est admis. Des propriétaires des ruisseaux de la Font et du Câble s’opposent à cette création, parce qu’ils disent avoir des droits qu’ils ne veulent pas céder à la collectivité. La population de Millérines attendra. L’affaire est reprise en I952, le Maire (Julien) fait intervenir Maître MENARD , avocat à Nîmes, qui se rend a Millérines pour essayer d’ arrondir les angles. Coût de cette intervention : 5000 francs legers. Finalement, la fontaine est
aménagée en bordure de la route départementale 152. Le coût est de 67680 francs.(maçonnerie Amalric : 6600 frcs. Plomberie Cerret : 61.080 francs).
Par la suite en 1975, un groupe d’habitants du hameau posera, à ses frais, un réseau d’adduction d’eau privé qui alimente les immeubles.

LES ORDURES MENAGERES

Enlèvement des ordures ménagères.

Jusque vers I960,la population jette ses ordures ménagères au fumier, quelques uns les jettent dans le lit du Gardon. L’usage d’objets ou de récipients en plastique, la consommation plus importante de conserves en boîtes métalliques, l’augmentation toujours plus nombreuse des estivants, la nécessité d’avoir le lit de la rivière propre, les instructions gouvernementales au sujet de l’environnement, font qu’on décide de collecter les ordures ménagères trois fois par semaine pendant la saison d’hiver et tous les jours pendant la saison estivale.
Dans un premier temps les ordures sont collectées par le cantonnier communal au moyen d’une grande brouette achetée à cet effet puis déversées dans un ravin entre le Hort de Dieu et le Gramentès.
La nécessité de détruire ces ordures s’impose. Sur le plan cantonal, un syndicat de collecte des ordures ménagères est créé. Une station d’incinération se construit à la Bécédelle, une benne pour le ramassage est achetée, l’enlèvement se fait à la même cadence qu’autrefois. Les ordures sont incinérées.
Si la construction de la station d’incinération a été largement subventionnée par certains organismes, la bonne marche du Syndicat cause de gros soucis à ses dirigeants particulièrement sur le plan financier. La participation des communes se situe à un niveau trop élevé pour leur Trésorerie. L’appel d’une cotisation annuelle aux résidences principales et secondaires est critiquée par certains esprits chagrins qui se font tirer l’oreille pour payer.

LE TEMPLE

Temple protestant.

Au début du 19° siècle, le culte se fait en plein air. II semble que ce soit au Château de I’Hom.
En 1840, on envisage de convertir l’Eglise de St Martin en Temple. Les catholiques ne l’utilisent plus. II y a de nombreuses réparations à y faire, l’édifice est dans un délabrement complet. Le projet est abandonné.
En 1842, on pense qu’il faut construire un temple. II faut trouver un terrain à bâtir.  Le 6 février 1942,on contacte HILLAIRE Jean Louis, de Millerines qui serait décidé de céder un terrain convenant (l’actuel). Une souscription publique pour l’édification du bâtiment est lancée. Elle produit 7837 f. La somme est insuffisante. La commune fournira 8600 francs  à répartir sur les années 1843-1844.1845.
Le 3 Juillet 1843, le procès-verbal d’enquête de commodo – incommodo pour la construction du Temple, adressé par Ie Juge de Paix, est présenté au Conseil Municipal qui donne un avis favorable.
Le 15 septembre 1847, I’adjudication des travaux a lieu en mairie. Sont membres de la commission d’adjudication: le maire GRAS, MM. Louis VIALA, Jacques Eugène MOURGUES.
L’adjudicataire est Charles RODIER.

DETAIL DE L’ADJUDICATION
Maçonnerie………………..12000 F
Tribunes…………………………2000 F
Chaire……………………………..700 F
Chaises et bancs……………1000 F
Cloche……………………………..800 F
Table de communion………100 F
Escalier du dehors………….600 F
Honoraire architecte………..700 F
                                    Total….17900 F

CREDITS DISPONIBLES
Souscription……………………….7837 F
Subvention du gouvernement……..5000 F
Part de la commune………………..6275 F
                                    Total………19112 F

Le 18 juillet 1847, le Conseil Municipal supplie le gouvernement de vouloir bien donner une nouvelle subvention de 5000 francs.
Il semble qu’elle n’a jamais été accordée.
Le coût du Temple s’est élevé à 16.117 francs. II apparaît que la commune n’a pas versé la totalité de la somme envisagée.
Le 12 mai 186I, l’edifice dont la construction a été achevée en Juillet 1849, n’est pas encore fini de payer à l’entrepreneur Charles RODIER.

On lui paie les intérêts de la somme de 3280 francs encore due et on envisage une souscription pour un règlement définitif. A la suite d’une délibération municipale du 7 août I864, le règlement est terminé en 1865.

L’EGLISE DE ST MARTIN

Eglise de St Martin de Corconac.

 

Elle est restée la propriété de la commune. Le 1° Juillet I934, le propriétaire d’un bâtiment contigu à l’Eglise veut le réparer. II ne peut le faire d’une façon rationnelle et durable qu’autant que les fissures du mur mitoyen de l’Eglise laisseront déverser des eaux de pluie dans sa maison.

Entrée de l'église

La réparation coûterait 3000 francs à la commune. On ne la fait pas. On cède l’Eglise pour le prix symbolique de cent francs à Monsieur POUJOL Albin, à moins que l’Etat accepte de la classer monument historique et par la suite l’entretienne. Il faut indiquer que le dit POUJOL habite l’ancien presbytère catholique qui a été vendu à un de ses devanciers pour la somme de I500 francs selon délibérations municipales des 9 mai I842 et 30 mai I843.

L’ELECTRICITE

Le progrès !

En I923,l’énergie électrique n’existe pas dans la commune. Sous l’impulsion de M. Edmond PASCAL, maire de l’Estréchure Conseiller Général. la création d’un syndicat intercommunal pour la construction d’un réseau est décidé. La commune de l’Estréchure adhère au syndicat par délibération municipale du 4 mars I923.

Les plans et devis seront établis par le génie rural, le financement assuré par les communes adhérantes au Syndicat, par des Subventions de l’Etat et du département et par l’emprunt. La constitution définitive du syndicat date du 8 Novembre 1925. En font partie les communes de CAMBO, CEZAS, COLOGNAC, CROS, L’ESTRECHURE, FRESSAC, LES PLANTIERS, MONOBLET, ST ANDRE DE VALBORGNE, ST BONNET DE LASALLE, ST ROMAN DE CODIERES, STE CROIX DE CADERLE, ST FELIX DE PALLIERE, SAUMANE, SOUDORGUES, THOIRAS, VABRES.
Les propriétaires sont invités à laisser passer les lignes aériennes, à implanter supports et poteaux sur leurs terrains autant que possible à la limite des cultures. Cela pose de nombreux problèmes avec certains propriétaires. Les maires concernés les résolvent parfois avec difficulté.
Le montant probable des travaux se chiffre à deux millions de francs. L’Etat participe pour 40 %, soit 840.000 francs. Le Syndicat doit réunir le reste, soit 1.160.000 francs. Il  l’empruntera au taux de 5 % , pour une durée de 30 ans, soit une annuité de 78.000 francs répartie au prorata de la population de chaque commune qui ne paiera rien : le montant des surtaxes que paie l’usager suffit à payer l’annuité d’emprunt.
L’organisme prend le nom de Syndicat de la Région de Lasalle et a pour receveur le Percepteur de Lasalle.
A l’origine, le réseau est exploité par une société privée:
«LES FORCES MOTRICES DE L’AIGOUAL». Il est nationalisé en 1946 et passe à l’Electricité de France.
En I979, le syndicat existe toujours. Sa Présidence est assurée par M. GAZAIX , maire de Soudorgues.
Il a son budget propre. L’entretien du réseau est assuré par l’EDF qui encaisse la redevance de consommation, la location du compteur et une surtaxe syndicale pour l’amortissement des emprunts contractés par le syndicat pour l’amélioration ou le renforcement du réseau.

 

Lire également l’article du Petit Messager d’octobre 1927

LA TELEVISION

Du fait que l’Estréchure est en zone d’ombre, personne ne reçoit la télévision en 1964. Un télé-club se constitue.
La première mise de fonds est importante. II faut 5000 francs lourds pour installer une antenne collective et pour la première chaîne seulement. Péniblement, dix personnes se réunissent et font les premiers frais cinq cents

francs chacune. C’est lourd, d’autant que chacun doit acheter un poste récepteur, installer une antenne qui sont d’un prix relativement élevé : deux mille francs environ.  
L’antenne collective est réalisée. Les pannes sont fréquentes.
DUMAZERT d’Alès qui a fait l’installation à l’origine répare plus ou moins rapidement. Par la suite, l’antenne collective qui ne donne pas satisfaction est supprimée et remplacée par un relais pirate qui diffuse d’abord la première chaîne, puis la deuxième. les réceptions sont meilleures. D’autres personnes viennent grossir l’effectif du Télé-Club, les fonds disponibles augmentent.
Entre temps, en I972, un électro-mécanicien s’installe à Valleraugue.
II est compétent, cherche la clientèle, s’abouche avec le Président du Télé-club, examine les lieux et trouve sur la Serrade de Boisseroles un point idéal pour dresser les relais. Avec l’appui financier de la municipalité et le dévouement des membres de l’organisme, les relais sont démontés, transportés à dos d’homme au point désigné par l’électro-mécanicien. Le fil amenant l’électricité est déplacé. Le tout dans la même journée.

Nous sommes en mars 1972. Quelque temps après, le relais 3ème chaîne est installé. La réception est normale sur les 3 chaînes. Sauf dégâts d’orage, les réparations sont rares contrairement à ce qui se passe dans les communes voisines.
En 1979, soixante postes sont branchés sur les trois relais qui sont pris en charge par la commune, qui assure le règlement de toutes les dépenses y relatives.
Actuellement l’implantation d’appareils par Radio diffusion de France fait l’objet d’une étude qui parait devoir être concrétisée prochainement.
II est envisagé qu’ils soient implantés au Serre de la RHODE.
La dépenses sera importante. Il est prévu que la charge incombant à la commune ne sera que de 30 a 40.000 francs, couverte par emprunt effectué le moment voulu.
L’amortissement de ce prêt ne sera pas supérieur au montant des frais annuels qui sont à la charge de la municipalité par suite des réparations, électricité ,assurances